(2017- en cours) Mama Whita est un projet à cheval entre deux continents et entre deux temporalités. Il interroge plastiquement l’identité contemporaine française à la lumière de son passé colonial et s’inscrit, plus largement, dans une réflexion sur l’Europe et la question des frontières et de la migration. Nous plongeons dans l’origine des liens entre Afrique et Europe en créant une installation où coexiste ce commun.

Il s’agit aussi de relier colonisation et migration afin de sortir le fait colonial de l’angle mort qu’il occupe, considérant certains flux migratoires comme les conséquences de la colonisation. C’est cette histoire bilatérale que nous portons, cette histoire commune et qui nous lie, nous artistes françaises, à une grande partie du globe.

Nous empruntons les mots d’Eléonore Miano, qui fait de commun un creuset de l’humanité : « À ceux qui se demandent en quoi cette question intéresse d’autres que les Africains et leur diaspora, nous rappelons simplement que toute violence faite à l’autre est une violence faite à soi-même. Et comme le dit Édouard Glissant "ce gouffre est un non-dit des cultures mondiales : toutes les humanités en sont les filles".»

Le projet existe pour le moment en deux temps de recherche et de production : 

- un premier temps de travail intitulé À la française se penche sur le système colonial français à travers la ré-appropriation de documents d’archives. Les dessins de l’histoire oubliée des colonies ornent le patrimoine domestique français - tapisserie, céramique, mobilier - l’hybridant avec des objets propres aux traditions culinaires d’Afrique .

- un second temps, intitulé Maladie d’occupation met en scène et réinvente l’arrivée des européens du point de vue de l’Afrique sur la base d’œuvres littéraires d’écrivains du continent africain (Léonora Miano, Hemley Boum, Mongo Beti, Emmanuel Dongala, Chinua Achebe...) et de témoignages vivants. Une série photographique fictionnelle, aux couleurs fantasmagoriques et poétiques, sera produite lors de deux résidences au Cameroun.